Au cœur d'une favela - Rio de Janeiro
- Christine Lemarchand
- 10 déc. 2024
- 2 min de lecture
Au cœur d'une favela - Rio de Janeiro
"Je veux être un roc pour supporter la douleur, comme Gandhi répandre l'amour et faire de moi un guerrier pour pouvoir à tout moment avancer."

Copacabana, Ipanema, carnaval... Mythe ou réalité ?
En arrivant à Rio de Janeiro, le ton est donné.
Tel un archipel agrippé aux collines, les favelas accueillent des millions d'habitants. Entre incompréhension, colère et désespoir, la violence trouve son terreau sur les zones de non-droit et règne en maître dans des quartiers où seuls les habitants se résignent à y entrer. Un vieil adage raconte que la samba est un tourbillon de corps entremêlés qui chantent et dansent au son des tambours, des cris et des larmes.
Le Brésil se déchire. Les longues plages de Copacabana se réveillent sous les caresses du soleil quand les ruines des favelas s'endorment dans l'ombre.
Alors l'idée me taraude... La rencontre me paraît inéluctable. Comment comprendre sans entrevoir ? Comment ressentir sans être présent ? Le jour se lève et je pars en quête d'un accompagnant.
Le hasard fait alors bien les choses ! le propriétaire de la maison où je réside parle français. Il m'a volontiers expliqué les avantages et les inconvénients de sa ville natale. Devant mon insistance à en savoir un peu plus, il m'a vivement conseillé un étudiant en lettres, francophone et son association destinée aux enfants de l'une des grandes favelas qui borde le centre-ville.
En suivant mon guide, j'ai découvert l'histoire de peuples conquérants ou pacifistes qui malgré la violence de leur union ont permis une diversité de culture, donnant aujourd'hui tout son caractère au Brésil. Alliant force, courage, détermination, ce peuple latino-américain, comme tout ceux qui ont souffert, connait la joie de la paix et de la résilience.
Dans le passage étroit qui mène à l'entrée de la favela, l'ambiance devient vite oppressante. Les ruelles sont étroites et la précarité des habitations laisse présager de la difficulté à vivre décemment. La ribambelle d'enfants qui nous accompagnent ne laissent rien entrevoir de ce constat et ce sont des rires enfantins qui nous amènent au sanctuaire.
C'est avec beaucoup d'émotions que je me laisse promener dans les dédales de ce labyrinthe. Je découvre comment durant des mois, les enfants ont patiemment reconstitué leur environnement avec des matériaux recyclés. L'endroit est truffé de messages forts où prédominent l'espoir et la volonté de ne pas succomber ni à la précarité, ni à la violence.
Je m'attarde un peu sur quelques messages postés sur un arbre. Le premier donne le ton : "Je veux être un roc pour supporter la douleur, comme Gandhi répandre l'amour et faire de moi un guerrier pour pouvoir à tout moment avancer."
Avant mon départ, mon guide m'a susurré : "s'il vous plaît, parlez de nous quand vous serez rentrés, le Brésil, c'est aussi ce que vous avez vu, des hommes et des femmes des favélas qui ont du cœur, aiment leur pays et veulent transmettre des messages positifs, de bonheur et de paix."
Voilà qui est fait.
"Ce dont le monde a besoin pour être meilleur, de plus d'égalité, de moins de préjugés."
Au cœur d'une favela - Rio de Janeiro
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