Chiens de traineau dans le Queyras en france
- Christine Lemarchand
- 9 déc. 2024
- 2 min de lecture
"Dans l'obscurité d'une nuit gelée, les chiens commencent à s'exister. L'heure approche, ils le savent, ils le sentent..."

Dans l'obscurité d'une nuit gelée, les chiens commencent à s'exister. L'heure approche, ils le savent, ils le sentent, ils connaissent les habitudes du musher. Ils sont attelés au traîneau dans l'ordre de la meute. Chacun joue son rôle et ne peut s'abstenir de tenir son rang sous peine de se faire rappeler à l'ordre par le plus ancien d'entre eux. Le froid ne les intimide pas, bien au contraire, ils se roulent dans la neige, hurlent à la mort et commencent à tirer sur leurs chaînes comme pour indiquer leur impatience. L'homme leur parle un à un. Ils devront attendre encore un peu. Lorsque l'aube pointe son nez à l'horizon, avec un claquement de langue, il leur indique cette fois qu'il est temps de partir. Les chiens se précipitent l'écume aux lèvres respectant à la lettre les indications du musher. Ils virent à droite, à gauche, filent tout droit, aucune erreur de navigation. Ils sont rodés à l'exercice et se communiquent entre eux les informations nécessaires pour garder la même cadence, le même pas et enclencher en même temps, l'amorce d'un virage. Le ballet est surprenant et laisse perplexe devant l'impeccable orchestration et la volonté des chiens de savourer cette course effrénée dans la poudreuse. Rien ne saurait les arrêter, en aucun cas. La chute accidentelle du conducteur ne saurait être une excuse. Les chiens continueront leur course effrénée tirant une luge vide, volant au rythme des secousses de la meute, acharnée à dévaler les pentes de la montagne. Les chiens loup du Queyras sont très proches de leur congénère, le loup, dans leur mode de fonctionnement. On ne peut les approcher, les domestiquer dans un environnement qui ne serait pas le leur ; la nature et la grandeur des espaces. Le plus vieux de la meute ne peut plus traîner la nacelle, alors il passe devant, monte sur les rochers et observe en contre bas la lignée des jeunes chiots qui apprennent leur métier. Il suffira d'un aboiement de sa part pour que la meute s'arrête. Le respect des anciens, chez les chiens loups est la règle d'or de leur vie. L'hiver sera leur terrain de jeu jusqu'à temps que la neige face place à l'herbe verte. Alors à ce moment, ils partiront avec leur musher vers d'autres contrées dans le grand Nord pour continuer à courir, avant de revenir chez eux l'hiver prochain, savourer de nouveau le départ au petit matin dans le grand froid glacial.
Les chiens loup du Queyras - récit d'un voyage
Comments