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A VOUS

Texte écrit pour Médecins du Monde, retenu dans le cadre du Festival des gros maux 2023.

Quand l’orage gronde et que la tempête sévit,

Quand le ciel se déchire sans former la moindre pluie,

Quand les menaces tombent et ne sont que préliminaires,

Et que l’on se réveille du mauvais côté de la frontière,

 

Quand la vie n’est plus qu’un doute,

Un destin en sortie de route,

Quand la foi ne suffira pas,

À croire aux hommes, à croire en soi,

 

Quand les jours finissent comme des nuits,

Quand les éclairs foudroient et ravagent des vies,

Que le ciel s’éclaire d’un rouge incandescent,

Irradiant des villes entières réduites à néant,

 

Quand les actes ne sont plus des actions de foi

Que l’intérêt général se délite en quelques mois,

Quand la stupeur des biens intentionnés, s’indignant de loin,

Fait place à l’indifférence pour cause de manque de chagrin,

 

Alors…Il reste l’écriture comme une rature, une blessure, une fêlure,

Un hommage aux oubliés, aux causes perdues, aux fractures,

Pour vouer le courage de ceux qui sur le sentier de la guerre,

Offrent comme seule arme une colombe en bandoulière

 

Tous les médecins du monde rêvent d’être vos frères d’armes

Non, pour répandre la poudre, mais pour sécher les larmes

De tous les enfants oubliés au bord des routes désertées

Ou seules s’aventurent encore les colonnes de réfugiés

 

C’est encore vous qui dans la poussière du terrain

Œuvrez chaque jour pour leur tendre la main 

À ceux qui ne pourraient survivre autrement

Si vous n’aviez décidé de sauver des vies et d’en faire le serment

Vous êtes sur les terres d’Afrique, de Gaza et d’Israël,

Vous êtes sous le feu des bombes et des tempêtes du Sahel,

Vous êtes infirmiers, docteurs ou reporters,

Vous êtes sauveurs au milieu de l’horreur.

Le danger a pour vous, bien peu d’importance,

Ce qui compte plus que tout, c’est de réduire la distance

Entre vous, qui osez encore convoyer sur des routes désertées,

Et ceux qui crèvent, la peur au ventre, de finir oubliés.

 

Même si votre peur reste tenace, elle ne peut vous empêcher 

D’aller au bout du monde pour aider, secourir et soigner,

Mais lorsque l’étau se resserre et que la mort arrive en trombe,

Kidnappés, et séquestrés, ce sont parfois vos têtes qui tombent.

 

Alors, même si mes mots ne sont pas très consensuels,

il est plus que nécessaire de parler de faits réels,

Lorsque le monde éclate, morcelé par d’innombrables conflits

Que reste-t-il encore comme espoir de survie ?

Il n’y a pas de plus beau métier que celui de sauver

Ni de plus grande action que l’on ne pourrait admirer,

Et quelles que soient les rumeurs de la contradiction,

C’est bien de votre vie chaque jour dont vous faites don.

 

Vous êtes là quand la misère s’impose en reine

Qu’elle soit en France, au Pakistan ou en Ukraine

Vous êtes infirmiers, docteurs ou reporters,

Vous êtes sauveurs au milieu de la douleur.

 

Dire que je suis fière serait peut-être prétentieux,

Mais avant de me taire, je vous fais cet aveu,

Votre courage est à la mesure du combat que vous menez

Pour que le mot humanité reste encore notre fierté.

 

Je vous voue plus que de la gratitude,

C’est un honneur d’écrire sous des mots un peu rudes,

Que le sacrifice et la dévotion des uns,

Restent le pilier de ceux qui n’ont plus rien.

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