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L'INCERTITUDE

Il y a des matins ou tout nous semble éteint

On ne croit plus en rien ou du moins on ne comprend plus rien

Tout paraît vide de sens, à contre sens, un non-sens

On déboule sur le quai d’une vie qui passe au ralenti

On s’attend au pire en priant pour son prochain

On évite les coups, on évite la boue, on s’ébroue, on se planque derrière le quotidien, celui la même que l’on jetait aux orties l’autre soir derrière le comptoir.

On ne sait plus à quel saint se vouer, derrière quel dieu se protéger pour échapper au carnage, à la rage des guerriers de la mort, ceux qui prédisent nos sorts, ceux qui nous dépouillent, nous souillent, nous font vomir nos certitudes, brouillent les pistes ou l’on se perd, ou l’on s’égare à force de croire, de ne pas croire, de ne plus croire, de penser que la sagesse datait d’Hérode à moins que ce ne soit le contraire et que de là, nous vienne la guerre. On s’en fout, on n’est pas dans le coup. On ne veut plus comprendre, apprendre, défendre nos points de vue, brandir nos slogans, dépoussiérer les convenances, assumer nos différences. On ne veut plus se battre, on ne veut plus combattre, porter nos fardeaux, on tire le rideau, on sort de la scène, on se traîne comme on peut sans grandiloquence ni arrogance.

Il y a des matins ou tout semble incertain, on se plaint, on se craint, on s’emmure dans une tour d’argent, au propre comme au figuré peu importe c’est selon nos moyens. On se complaît dans notre suffisance, on se déteste, on s’indigne, on s’insurge contre tout, contre nous, de loin comme chacun, la peur au ventre. On s’octroie le droit de fuir l’indicible, de répudier l’incompréhensible, de

Renier le prévisible.

Il y a des matins ou tout part en sucette, des matins ou il n’y a plus de quête, ni du Graal, ni du bien ni du mal. Il y a des matins ou l’on échoue à l’examen en se disant

Qu’on fera mieux demain !

Slam 'L'incertitude' de Christine Lemarchand – Doutes & Réflexions

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